C’est toujours assez amusant de voir les médias se polariser autour d’une nouvelle parution. Entre le cirque et la foire d’empoigne, le tout se passe dans une progression assez prévisible: d’abord la tension montante alors que des extraits plus ou moins volumineux sont rendus publics; puis l’apogée du jour j, la parution finale, accompagnée d’une panoplies de critiques plus ou moins profondes selon les sources, parfois unanimes (Dear Science des fabuleux TV On The Radio par exemple a été plutôt bien reçu, avec peu de voix dissidentes) et parfois moins; finalement l’apparition graduelle de critiques plus développées qui situeront le nouvel opus dans une continuité particulière à l’artiste et dans le portrait global de la musique du moment. Et selon les tournée, le retour de petites capsules au sujet de l’album, qui se contenteront de résumer les opinions déjà émises, selon qu’elles contredisent ou non les ventes affichées.
Si on regarde du côté du troisième album des écossais de Franz Ferdinand, on voit que celui-ci tombe dans une catégorie peu homogène. Le fort utile site Metacritic nous donne une moyenne de 70%, basée sur une compilation de près d’une trentaine de critiques. C’est bien sûr dans les écarts qu’on retrouvera les commentaires les plus durs et peut-être les plus justes, c’est selon. On reproche à l’album son faible niveau d’expérimentation, sa superficialité, son côté rock dansant, ses racines new wave trop évidentes.
De mon côté, je vais tout de suite vous dire que j’aime beaucoup Tonight: Franz Ferdinand, mais je fais parti des conquis: fana du quatuor écossais depuis ses débuts, il était prévisible que je recevrais plutôt bien cette troisième galette. Léger, cet album? Mais c’est bien certain: il s’agit des Franz Ferdinand, après tout, une formation qui ne s’est jamais pris au sérieux. Si j’ai envie de rock sombre, ce n’est pas vers les archiducs que je vais me tourner: j’ai les trois albums d’Interpol pour combler ce besoin...
(Anecdote: j’ai appris en consultant Wiki pour ce billet que deux des membres de la formation on débuté leur carrière au sein d’un groupe baptisé Yummy Fur: pas d’erreur, c’est bien en l’honneur de l’étrange comic book underground de Chester Brown que ce nom a été choisi; une autre raison pour moi d’estimer cette formation!)
Mais j’aime aussi beaucoup cet album pour une autre raison: un cinquième membre invisible du groupe me plaît énormément. Il s’agit du Polyvoks. Encore une fois, c’est dans les notes de Wikipédia que j’ai découvert cette perle: le seul synthétiseur authentiquement soviétique!
J’exagère: ce n’est évidemment pas le seul. Mais plus de 100 000 unités ont été construites dans les années 80, alors c’est certainement un de plus répandus, malgré sa rareté relative. À deux oscillateurs, avec sa polyphonie à deux voix et ses filtres un peu particuliers, l’instrument à de quoi intriguer. Texture particulière, inimitable, qui enrichit et pas qu’un peu la nouvelle galette de nos écossais. Un peu comme le fameux Kobol, qui enrichit le son des musiciens français: mais je dois dire qu’une première recherche infructueuse ne m’a pas permis de faire un tour d’horizon de formations musicales ayant utilisé cette machine mythique, sorte de Moog communiste. J’en suis bien déçu d’ailleurs, j’aurais voulu entendre un peu plus cette machine.
Il y a une jolie démo ici. On ne l’écoutera pas pour la qualité de la composition, bien sûr! Et pour plus d'info sur le synthé en question...
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